2 tonnes de CO2 par an et par personne d'ici 2050, c’est l’objectif d’empreinte carbone recommandé afin de respecter l’Accord de Paris. Il ne s’agit pas d’une limite légale mais d’un objectif communément admis afin d’espérer maintenir “l'élévation de la température moyenne de la planète nettement en dessous de 2 °C par rapport aux niveaux préindustriels et de poursuivre l'action menée pour limiter l'élévation des températures à 1,5 °C”.
Mais 2 tonnes de CO2, ça veut dire quoi ?
Difficile de se rendre compte de ce que 2 tonnes de CO2 représentent. Selon l’Ademe, le niveau moyen de l’empreinte carbone des Français est estimé à 9,2 tonnes de CO2eq par an par personne.
CO2eq signifie « équivalent CO2 ». Il s’agit d’une unité créée par le GIEC pour comparer les impacts des différents gaz à effets de serre en matière de réchauffement climatique et pouvoir cumuler leurs émissions. Par exemple, une tonne de méthane aurait un pouvoir de réchauffement 28 fois plus élevé qu’une tonne de CO2 sur une période de 100 ans. Ainsi, chaque tonne de méthane est comptabilisée comme 28 tonnes d’équivalent CO2 dans les bilans des émissions de GES.
En France, nous devrions donc passer d’environ 9 tonnes de CO2eq par an par personne à 2 tonnes.
Il s’agit d’une moyenne par habitant mais le mieux est bien sûr de calculer sa propre empreinte carbone. L’intérêt est surtout de comprendre les ordres de grandeur : quelles actions de mon quotidien pèsent le plus dans la balance ? Vous aurez peut-être des surprises ! Cela facilite le passage à l’action car on sait sur quel facteur agir.
Je calcule mon empreinte carbone ici !
Sur le schéma ci-dessus et dans le calcule de votre propre empreinte carbone, vous pourrez apercevoir la catégorie « Services Publics ». Il s’agit des émissions liées aux services publics français tels que la santé, l’enseignement, l’administration, l’armée, etc. Ce chiffre, d’actuellement 1,5 tonnes de CO2eq par an et par personne, est donc le même pour tout le monde.
Alors, comment on fait pour passer à 2 tonnes de CO2 par an ?
Disclaimer : il s’agit de pistes de solutions que nous pouvons dès à présent mettre en place. Bien sûr, chacun peut appliquer cela selon ses moyens et son quotidien (notamment la partie mobilité).
→ Mieux se déplacer.
Les transports sont le premier poste d’émission des français. Ce secteur représenterait un tiers de l’empreinte carbone des Français, dont la moitié viendrait des déplacements en voiture.
Pour passer à 2 tonnes de CO2/personne/an, on privilégie la mobilité douce telle que le vélo, la marche, les transports en commun, le train, etc. Les pouvoirs publics encouragent le développement de la mobilité douce en créant davantage de véloroutes et pistes cyclables aménagées, des voies réservées au co-voiturage ou encore des aides à l’achat d’un véhicule électrique.
Et la voiture électrique alors ?
Elle fait débat alors disons-le clairement : la voiture électrique, c’est ni blanc ni noir.
L’avenir de la voiture sera électrique mais ce qu’il faut revoir, c’est plutôt la place de la voiture individuelle dans notre quotidien.
→ Mieux manger.
Selon l’Ademe, l’alimentation des ménages représente un quart de l’empreinte carbone totale des Français.
Afin de réduire l’impact de notre assiette, on peut agir sur différents leviers (sans manger moins bien, au contraire !)
- Opter pour des produits de saison
Si la nature a des saisons, c’est bien pour quelque chose ! Chaque saison offre une diversité de fruits et légumes qui correspondent à nos besoins du moment. Par exemple, en été nous avons besoin de fruits comme la tomate, la pastèque, le melon car ils nous permettent de rester hydratés. En hiver, les courges et carottes vont nous apporter des nutriments qui tiennent davantage au corps; les kiwis et choux quant à eux vont renforcer nos défenses immunitaires.
Lorsque nous achetons des produits qui ne sont pas de saison, ces aliments proviennent forcément d’un territoire lointain et/ou ont été traités avec des pesticides.
- Consommer local
Consommer local permet de limiter les transports mais aussi les intermédiaires. On réduit alors les émissions de gaz à effet de serre liées au transport de marchandises, comme le kiwi de France plutôt que le kiwi de Nouvelle-Zélande.
Réduire les intermédiaires permet également une rémunération plus juste pour le producteur. Par exemple, lorsqu’on achète du pain, 7% seulement reviennent au producteur de blé. En circuit court, c’est environ 75 % reviennent aux producteurs. (Source : Patrick Viala, président de Bienvenue à la ferme et du Mas des Agriculteurs pour midilibre.fr)
- Manger bio
Alors oui, il y a bio… et bio. A l’origine, l’agriculture bio est une philosophie de production qui intègre une dimension éthique, sociale et environnementale : des exploitations de petites tailles, fournisseurs locaux, prix équitables, préservation des ressources, prise en compte de la biodiversité et du bien-être animal…
Il est donc compliqué de faire une généralité sur le bio car certains producteurs sont pleinement engagés dans la démarches pendant que des marques de grandes surfaces appliquent le minimum pour obtenir un label.
Mais manger vraiment bio, c’est avant tout :
- meilleur pour la santé. L’agriculture conventionnelle impacte notre santé et notre environnement de différentes manières : maladies chroniques, réchauffement climatique, pollution des eaux et des sols et déclin de la biodiversité, perturbateurs endocriniens, etc.
- meilleure en goût et en qualités nutritionnelles
- le respect de l’environnement et de la biodiversité
- la prise en compte du bien-être des animaux
- pas si cher ! Les distributeurs augmentent leurs marges (2 fois plus en moyenne) sur les produits bio car les consommateurs avertis sont prêts à payer davantage.
- Plus de végétal
Plus de la moitié de l’empreinte carbone de notre assiette est liée à la consommation de produits d’origine animale.
Pour produire 1kg de boeuf, on consomme :
- 13 500 litres d’eau
- 25m2 de terres
- 27 kg de gaz à effet de serre
La viande bovine représente 40% des émissions dues à l’élevage alors qu’elle ne représente que 20% de la consommation totale de viande.
En outre, c’est aussi participer à la déforestation importée : les zones déforestées sont souvent utilisées pour le pâturage du bétail. En 2021, 75% de la déforestation en Amazonie est liée à l’élevage bovin.
- Limiter le gaspillage
En France, on estime que 20% de la nourriture est jetée.
Le gaspillage alimentaire a lieu à chaque étape du cycle de vie d’un produit, dès la production jusque dans notre assiette.
Selon une étude de l’Ademe, le gaspillage est ainsi réparti :
- 32% lors de la production agricole
- 21% lors de la transformation
- 14% lors de la distribution
- 33% lors de la consommation, dont 14% pour la restauration collective et commerciale et 19% pour la consommation à domicile.
A la maison, on arrive à presque 5 kg de pain gaspillés par an et par personne.
Il est possible de réduire le gaspillage à domicile en :
- élaborant ses recettes avant de faire ses courses (j’achète ainsi les bonnes quantités)
- faisant attention aux DLC (dates limites de consommation), à ne pas confondre avec les DDM (dates de durabilité minimale) qui est une date indicative, mais une fois dépassée le produit est encore consommable.
- achetant des produits anti-gaspi en promo dans mon magasin
- tester des recettes anti-gaspi quand un produit commence à s'abîmer.
→ Mieux se loger.
27% de l’énergie totale en France est utilisée pour se loger, la majorité de cette énergie est dépensée pour se chauffer et alimenter nos appareils électriques. Le plus gros chantier qui est un des enjeux le plus important pour plus de sobriété est la rénovation thermique des bâtiments.
Selon une étude du ministère de la Transition écologique, cinq millions de logements sont mal isolés. Au total, ce sont 11 millions de Français qui vivraient dans ce qu’on appelle des « passoires thermiques » : se dit d’un logement dont l'isolation est de très mauvaise qualité et qui conduit à des consommations énergétiques importantes ou à des conditions de vie difficile pour ceux qui y vivent.
Que dit la loi ?
La loi de transition énergétique pour la croissance verte de 2015 et la loi énergie et climat de 2019 indiquent que l’ensemble du parc de logements soit rénové pour 2050 ainsi que l’interdiction de la location de logements à consommation excessive d’énergie (classes G,F et E) :
- à partir de 2025 pour les logements classés G
- à partir de 2028 pour les logements classés F
- à partir de 2034 pour les logements classés E (soit 25 % du parc immobilier actuel)
Mais face à ce gigantesque chantier, la réalité prend bien plus de temps.
« Aujourd’hui, on fait de la maintenance et de l’entretien : on change des chaudières et des fenêtres — des travaux thermiques classés dans la rénovation, mais qui ne permettent pas d’atteindre la performance » - Vincent Legrand, directeur de DORéMI.
→ Mieux consommer.
Mieux consommer quoi ? On parle ici des biens et des services. Le temps n’est plus au “plus c’est mieux” mais plutôt au “moins mais mieux”.
Mieux consommer, ça passe par se poser les bonnes questions :
- En ai-je vraiment besoin ?
- Cela me rendra-t-il plus heureux ?
- N’existe-t-il pas une meilleure alternative ?
- Puis-je trouver le même en seconde main ?
Mieux consommer, c’est plus de sobriété et tenter de recourir le plus souvent possible à l’économie circulaire, afin de faire avec ce qui existe déjà et ainsi éviter de nouvelles extractions de ressources naturelles.
En résumé, mieux consommer serait tendre vers un mode de vie où ce que nous avons déjà nous rend heureux, où l’accumulation de choses et d’expériences consommées comme dans une “to do” ne rime plus avec bonheur.
Les petits gestes, utiles ?
Un geste est individuel jusqu’à ce qu’il soit effectué par une large part de la population. A partir du moment où nous prenons conscience de l’ampleur des conséquences du réchauffement climatique et comment cela impacte (et impactera) notre vie, il est naturel de vouloir commencer par changer son mode de vie. Mais tout changer du jour au lendemain est compliqué et risque de ne pas tenir dans le temps.
Installer des petits gestes dans son quotidien permet :
- d’installer de nouvelles habitudes de manière durable
- d’inspirer autour de soi
- de changer la norme.
Par exemple, il y a quelques années, les options végétariennes étaient très rares. Aujourd’hui, elles se sont multipliées car la demande a augmenté. Chaque changement provient de petits gestes au départ.
Arriver à 2 tonnes de CO2 par an et par personne d'ici 2050 est un objectif ambitieux mais possible. En revanche, il est utile de rappeler que ce chiffre est un indicateur et ne prend pas compte l’équité. Les Etats ont une responsabilité commune mais différenciée selon leurs capacités. Certains pays sont plus responsables que d’autres du changement climatique et ont plus de capacités d’agir, et vont donc devoir aller plus loin dans leurs actions. C’est le cas de la France en tant que 8ème pays émetteur de CO2 et ayant les moyens d’assurer sa transition écologique.
PS : tu as calculé ton empreinte carbone, tu souhaites faire mieux mais tu ne sais pas par où commencer ? Participe à un atelier 2tonnes : il s’agit d’un atelier immersif pour imaginer un futur à 2 tonnes de CO2 et agir ensemble pour la transition écologique.
Sources :
- https://www.consilium.europa.eu/fr/policies/climate-change/paris-agreement/
- https://presse.ademe.fr/2023/09/repartition-de-lempreinte-carbone-des-francais.html
- https://www.connaissancedesenergies.org/questions-et-reponses-energies/gaz-effet-de-serre-quest-ce-que-l-equivalent-co2#:~:text=L'%20%C2%AB%20%C3%A9quivalent%20CO2%20%C2%BB%20(eq%20CO2%20ou,et%20pouvoir%20cumuler%20leurs%20%C3%A9missions.
- https://www.statistiques.developpement-durable.gouv.fr/lempreinte-carbone-de-la-france-de-1995-2022#:~:text=Apr%C3%A8s%20une%20progression%20entre%201995,2%20eq%20(estimation%20provisoire).
- Bonpote.com
- https://www.quechoisir.org/action-ufc-que-choisir-fruits-et-legumes-bio-les-sur-marges-de-la-grande-distribution-n45900/
- https://www.greenpeace.fr/agir/chaque-geste-compte/alimentation/le-gaspillage-alimentaire-quel-impact-sur-lenvironnement/